Arrivés à bon port au port de Pailhères à 2000 m d’altitude, les 17 randonneuses et randonneurs fouillent nerveusement dans leurs sacs à dos afin d’en extraire polaires salvatrices, gants, bonnets, bref tout ce qui permet d’affronter une température bien fraîche et un petit vent frisquet qui souffle sur le gispet. Un instant les Floripèdes regrettent de ne pas être comme leurs cousins les pinnipèdes (mammifères marins protégés du froid par une épaisse couche de graisse).Le ciel est bleu et quasiment sans nuages. Une journée magnifique en montagne se profile.
Ainsi, nous promettant le paradis, So, l’ange adorable guide du jour, donne le signal du départ à la troupe impatiente de chauffer muscles et organismes. Joël, sans doute vexé de se faire griller la priorité sur la grille de départ par un groupe de Quillan, décide d’imposer un bon rythme sur la première partie de l’ascension. Le résultat est rapide, les Quillanaises et les Quillanais sont vite déquillés et dépassés.
Culminant à 2364 mètres, le pic de Tarbésou inspire, rassure et confère une grande envie d’en atteindre le sommet rapidement. On grimpe au milieu des myrtilliers et des fameux rhododendrons (tant redoutés lors des dictées d’antan) sur un sentier relativement facile. Quelques névés (résultat d’averses de neige tombée ces derniers jours) témoignent du fait que l’été est bel et bien fini.
Arrivés au sommet, nous bénéficions d’une vue panoramique à 360 degrés sur la chaîne des Pyrénées. On en prend plein les yeux. Les vrais montagnards s’en donnent à cœur joie pour montrer aux débutants les sommets mythiques et d’autres moins connus.
La montée a été l’affaire de Joël, la descente sera à mettre au titre d’un Bernard qui systématiquement trouve un malin plaisir à choisir l’option la plus difficile pour toujours se régaler un peu plus et démontrer que des bâtons c’est souvent très utile sur les sentes…
Alors que l’étendard des Floripèdes a été virtuellement planté au sommet du Tarbésou, l’étang noir, l’étang bleu (vert aujourd’hui, peut-être en raison des fortes pluies et de la neige tombée ces derniers jours), et l’étang de Rabassoles scintillent sous nos yeux illuminés par un tel spectacle. Ces lacs d’altitude sont disposés au milieu d’un décor typique des Pyrénées Ariègeoises fait de prairies, de pinèdes et de zones rocailleuses. Le bonheur est sur le chemin.
Plus loin, nous dévalons un mur, style piste noire, à l’abri du vent. Sous les yeux ébahis du petit nouveau, qui se retourne afin de voir comment se débrouillent ses collègues dans ce secteur technique de forte déclivité, l’une d’entre nous fait un roulé boulé esthétiquement très réussi avec rétablissement final…sur les fesses. La frayeur passée, les jolies dames balancent des boules de neige sur ces messieurs qui les esquivent sans peine (à moins que ce soit le contraire). L’ambiance est joyeuse et comme la température s’élève, le déshabillage intensif qui intervient va faire rougir les myrtilliers du secteur !
A l’approche de l’étang de Bragues et comme midi approche, deux fins limiers, Joël et Bernard (ils font bien la paire ces deux-là) sont chargés par la guide de trouver le lieu idéal pour la pause repas. C’est un endroit idyllique qui finalement nous accueille au bord de l’étang bleu. Quelques canards se mêlent même à la fête.
Après ce moment convivial très apprécié, une montée très rude nous est proposée en guise de dessert. Bizarrement, on n’entend que les murmures du ruisseau, personne ne pipe mot… Françoise, en forme olympique, accompagne le peloton de tête qui, arrivé tout en haut de la Coumeille de l’ours, s’installe à l’abri du vent afin d’attendre le reste de la troupe. Une fois tous rassemblés, cette pause contemplative face à dame nature, avec le soleil pour témoin, s’avère être un moment magique. Les Floripèdes refont le monde… et les rires sont joyeux.
La guide dirige la fin des opérations dans un paysage fantastique fait de travers aux couleurs rouges, rouille et jaunes qui contrastent avec le vert des sapins et le bleu très pur du ciel. C’est l’endroit où l’on retrouve deux randonneuses (Christiane et Mireille) qui ont fait l’école buissonnière sur le sentier des interprétations… Elles sont maintenant incollables sur la flore locale.
Impossible de se séparer comme ça. Une fois dans la vallée, nous nous arrêtons au bar la Forge, sur une terrasse champêtre baignée de doux rayons de soleil, sans doute pour forger encore un peu plus l’amitié. Avant de quitter les lieux, Solange, pour son sans- faute, est longuement applaudie et croule sous les louanges. Il est des journées comme celle-là que l’on aimerait revivre cent fois !
Jean-Michel
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