Le village de Gourbit, que l’on trouve dans les anciens textes sous la graphie « Corbic » vient de l’ancien occitan et peut se traduire par « repaire à renards ». Son église est composée d’une nef avec deux bas-côtés, le chœur est orné d’un retable en bois sculpté et doré du XVIIe siècle, classé monument historique. La toile centrale représente le couronnement de la Vierge, elle est encadrée de deux colonnes à pampres avec chapiteaux corinthiens, deux statues de style baroque aux visages très expressifs (à gauche un évêque et à droite une sainte femme tenant un livre).
Nous sommes 13 Floripèdes (7 diables, 6 saintes femmes) sur le parking au-dessus de ce petit bourg, pour cette rentrée des classes de la saison 2025-2026. Tout le monde est radieux et impatient à la fois à l’idée de se lancer à l’assaut des sentiers. Aussi, le guide du jour Hubert fait très court dans son discours d’ouverture. Il se contente de souhaiter une bonne randonnée à toutes et tous, tout en précisant que « ça va monter… ! ».
Peu de temps après le départ, un jeune chenapan, qui a sans doute décidé de jouer le cancre de la classe, entraîne tout le monde sur un mauvais chemin… Heureusement, sa lucidité retrouvée lui impose de s’arrêter au bout de 150 mètres. Comme le garçon est bien élevé, il présente ses excuses à la troupe. Ceci n’empêche pas le guide de prononcer une sanction trop sévère à son goût : trois coups de bâton (avec sursis). Du coup, le mauvais élève se tient sagement à l’arrière. Il ne dit mot… et pense déjà à la façon dont il va pouvoir relater cet épisode, afin de respecter le devoir journalistique qui lui incombe, tout en évitant déshonneur et infamie.
Petite cause, grande conséquence. En attaquant une côte… sur le droit chemin retrouvé, l’un d’entre nous fait un double axel piqué avec décollage sur une roche glissante et réception (heureusement) sur son sac à dos. Aussitôt, il est secouru par des dames qui s’empressent, comme si c’était le roi de France, de lui faire un brin de toilette et lui administrent, d’autorité, de l’arnica… Le soleil qui perce le feuillage de la hêtraie fait diversion et tout le monde reprend le cours des bavardages. A hauteur des premiers myrtilliers, le guide propose une pause et offre quelques fruits secs tout en rappelant qu’il faut penser à boire (il a bien appris sa leçon ce garçon). Le soleil brillant de plus en plus fort, les filles, se croyant sans doute encore à la plage, se déshabillent allègrement.
A l’orée d’un bois de hêtres, nous sommes accueillis par un troupeau de vaches qui s’égaillent au milieu des fougères et des blocs de rochers. Après avoir dépassé un orri (cabane en pierre sèche, servant à la traite des brebis ou des chèvres et à la fabrication du fromage) nous discutons avec un sapeur-pompier Ariégeois. Il nous parle de la chasse aux Isards et nous indique que lors du dernier comptage des isards dans le coin il a eu l’occasion de voir une ourse et son petit. A l’idée de faire une telle rencontre, Odile ne quitte plus son cher mari (tout en oubliant que quelque fois il lui arrive d’être un peu ours). Pour autant, elle se déclare satisfaite de pouvoir dire qu’elle a vu l’homme qui a vu l’ours. S’agissant de la chasse aux isards, celle-ci est ouverte 9 jours par an et ne donne droit qu’à l’abattage de 8 bêtes (qui doivent être baguées pour pouvoir être transportées).
L’arrivée à l’étang d’Artax sous un franc soleil est un ravissement. Le calme et la beauté du lieu nous enchante. Geneviève se dévoue afin d’accompagner « le voltigeur » sur le trajet retour direct aux voitures. Le « onze » restant attaque la solide montée vers le Roc de Querquéou (1840 m). La faim commençant à chatouiller nos estomacs, le guide décrète l’arrêt repas sur de gros rochers, dans la brume. Bernard et quelques autres (présents ici même il y a deux ans) attestent que le panorama est splendide…Au dessert, Ghislaine et Hubert nous offrent du chocolat. Peut-être attirés par le cacao (en un seul mot) deux vautours s’amusent à faire des cercles au-dessus de nos têtes, dans le ciel bleu retrouvé.
Le redémarrage s’effectue sur une très longue descente au milieu des fougères, du gispet glissant et de quelques colchiques fatiguées. Un regroupement se fait naturellement au col de Lastris (1427m). Ensuite, la descente continue dans une hêtraie. C’est le moment choisi par un Floripède spécialiste de la montagne de tester la compétence et la solidarité du guide et celle de ses camarades de jeu. Il prétexte en effet une crampe qui lui rend impossible la possibilité d’avancer. Rien que ça. Le trio se démène pour lui trouver : eau, nourriture, sportenine, et doliprane. Un massage de la jambe est également effectué, tant et si bien que notre faux blessé est remis sur pied et arrive aux voitures… en souriant, après avoir parcouru 12 km pour 985m de dénivelé.
Au bistrot à Tarascon, nous félicitons chaleureusement Hubert qui a été tout simplement remarquable tout au long de la journée. Des applaudissements fusent. Le pot nous est offert par le duo Françoise F et Michel BS qui, de plus, nous régalent avec un délicieux gâteau au citron (avec des tranches bien épaisses), pour l’une et de savoureux cannelés, pour l’autre. Théodore Zeldin a dit un jour : « la gastronomie est l’art d’utiliser la nourriture pour créer du bonheur ». Un grand merci à tous les deux, car ce final de randonnée était effectivement un vrai moment de bonheur ! Certains, dont je tairai le nom, ont sorti leur agenda, afin de ne pas manquer ce succulent rendez-vous l’année prochaine.
Et maintenant place au Pic de Coma Pedrosa, mais ceci est une autre histoire.
Jean-Michel
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