Confinement – Concours

Floripèdes confinés, Floripèdes déboussolés, mais Floripèdes engagés. Nous pourrions échanger sur le blog et rêver de randonnées mythiques.

Sur une idée de Jean, je vous propose ce concours dont le 1er prix n’est pas fixé :

Rédiger un texte sur des randos effectuées en mars il y a dix ans :


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. Le 23 mars 2010, dans les Hautes-Pyrénées , les Coteaux de Tournay

Rando de Tournay (Hautes-Pyrénées)

Le  23 mars 2010, je n’avais pas l’honneur de faire partie des Floripèdes. Par conséquent, pas question de faire le compte rendu de la boucle au dessus de Tournay. Je vous propose plutôt de faire un tour dans Tournay ! Nous allons donc tournailler autour de Tournay (prononcer Tournaille comme en bigourdan). Pas plus d’un km à la ronde et une heure de marche n’est ce pas, c’est le règlement. En ce temps de confinement, on devient obsédés, pardonnez-moi ! 

J’ai suivi les conseils de Joël G. de la FFR :  Utilisez le site  www.geoportail.gouv.fr/carte. Et voici la procédure à appliquer:

 Chercher sa commune :  
1 – accéder aux outils ;
2 – sélectionner « calculer une isochrome » ;
3 – choisir son mode de déplacement (à pied ) ; 
4 – sélectionner le temps (30 minutes, soit 1h A/R) ;
5 – sélectionner le point de départ ; 
6 – le placer sur la carte ;
7 –  lancer le calcul .  Vous obtenez votre zone de confinement. C’est tout simple !

Nous voici donc dans une petite bourgade de 1200 habitants si agréable qu’elle mérite le surnom de « Petit Nice ». Ah oui ? Mais vraiment tout petit alors ! Il faut avoir pas mal d’imagination ! 

Il parait qu’il y a un peu plus d’ensoleillement  qu’à Tarbes ! Mais ce n’est quand même pas la côte d’Azur !

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On aperçoit la petite place Massena au centre La petite baie des Anges 
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La baie des Anges

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Le petit hôtel Negresco
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La grande abbaye Notre-Dame (pas d’abbaye à Nice !)

                                 

Voir plus : http://patrimoine.loucrup65.fr/tournay.htm

A l’entrée du Pays des coteaux, au cœur du Piémont pyrénéen, Tournay nous offre un terroir authentique et d’une nature préservée, avec les chemins de crête et les Pyrénées comme toile de fond.

C’est le dimanche de l’Assomption de l’an 1307 que le paréage de la bastide de Tournay fut consenti entre Bohémond d’Astarac et le sénéchal de Toulouse, représentant du roi de France Philippe IV le Bel, qui avait besoin d’une ville fortifiée au voisinage du château de Mauvezin pour en contrer l’influence. Il lui donna le nom de la ville belge de Tournai en commémoration d’une de ses victoires et octroya à la population des privilèges fonciers. Il reste de cette époque le plan général de la ville caractérisé par ses rues en angle droit, significatif des «villes nouvelles», appelées aussi bastides du xiiie siècle.

Partout dans le village ancien on découvre de nombreuses et belles et imposantes demeures de maîtres construites à partir du XVIIè avec de magnifiques cochères, de beaux encadrements de portes et fenêtres, des balcons et des toitures aux formes élégantes.

Le patrimoine religieux a son importance : l’Eglise St Etienne  incendiée par les protestants en 1569 fut reconstruite en 1850. Le cimetière attenant à l’église fut créé à l’issue d’une épidémie de peste en 1632. 

L’Abbaye Notre-Dame, par bonheur, est située pile-poil à 1 km de la place Astarac. On peut donc l’inclure dans la visite. C’est un monastère construit de 1951 à 1958 pour accueillir l’afflux de vocations des moines d’En Calcat (tarn) qui s’étaient installés en 1934 au Prieuré de Madiran restauré, 300 ans après son abandon. 

En 1971, l’abbaye de Tournay se lance dans la confection de pâtes de fruits. Un petit atelier artisanal se développe et se poursuit de nos jours avec succès. L’objectif est de pouvoir vivre de ses mains, afin d’être autonome financièrement, comme le stipule d’ailleurs leur règle monastique, la règle de saint Benoît (VIe siècle).

Enfin on ne peut oublier Francis Jammes, né à Tournay en 1868 et mort à Hasparren au Pays basque en 1938. Il passa la majeure partie de son existence dans le Béarn et le Pays basque, principales sources de son inspiration. La maison de ce poète, romancier, dramaturge et critique français est localisée dans le périmètre autorisé .

     LES PÂTURAGES
 
Les pâturages, au bord des eaux, sont épais.
La pluie lourde a couché les blés trempés,
et les feuilles des berges sont très vertes,
excepté que les saules sont en cendre légère.
Les foins, comme des ruches, sont dressés.
Les coteaux sont si doux qu’ils semblent caressés.

Poète ami, tout serait doux sans la douleur
qui nous enlève tous les plaisirs du cœur.

Je crois qu’il est inutile d’essayer de la fuir,
car la guêpe ne quitte guère les prairies.
Laissons donc la Vie aller, et les vaches noires
paître près des endroits où elles ont à boire.
Plaignons tous ceux qui souffrent lentement,
tous ceux qui sont comme nous, et tous le sont vraiment,
excepté qu’ils n’ont pas tous du talent.
C’est la seule différence, mais c’est important.
Une bonne consolation est un amour charmant,
comme une jeune fraise au bord d’un vieux torrent.

Voilà ce que je pouvais vous offrir dans notre champ d’action et le temps qui nous était imparti. C’est la première fois que je conduis une rando… et la dernière rassurez-vous !

Mireille

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. le 18 mars 2010, dans le Tarn, Le Vintrou, Gorges du Banquet accès au Vintrou (covoiturage) par Mazamet et le Pont de l’Arn.

CR de Bernard

Douze Floripèdes au départ de Toulouse sous un ciel couvert. C’est aujourd’hui que Jean va faire ses preuves d’animateur sous l’oeil bienveiliant de Pascale.

Il ne fait pas très chaud, arrêt au petit bar pour prendre un café. Au pied du lavoir du Vintrou, Pascale et Jean font le point sur la rando, vérifient l’équipement de chacun… Robert sera serre-file. Nous passons la grosse conduite d’eau et pénétrons dans une forêt de conifères… Le crachin et le brouillard sont de la partie : Jean apprécie. 

Tout le monde accélère l’allure : Jésus donne la cadence, J.F. nous régale de quelques blagues… pique nique très rapide, pas de sieste pour Michel… La météo est très mauvaise. Le sentier suit le lit du torrent en sous bois, la prise de photos devient très difficile. J.P. a des problèmes de chaussures « chinoises » achetées sur internet… Voici le Pont de l’Arn et l’ancienne voie romaine. Jean obtient  son bâton de maréchal .Merci pour cette randonnée bien arrosée !

Nous avons parcouru 16 km en 5h30.

Bernard

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. Le 11 mars 2010, dans le Gers Fleurance-Montestuc ;

CR (reçu par courrier) de Junie

Par le plus grand des hasards j’ai découvert votre jeu-concours. Résidente de Sempesserre, petit village du Gers de trois cent habitants, au nord-est du département, j’ai souvent parcouru les chemins entre Fleurance et Montestruc. 

C’est étrange mais le 11 mars 2010 est une date que je ne peux oublier, c’est ce jour-là que j’ai commencé à lire le Décaméron que mon père venait de m’offrir pour fêter mon anniversaire. Florence et la peste ! Aujourd’hui le monde et le Covid 19 !  Et oui, c’est tentant de voir dans le « Livre des dix journées » une analogie avec la pandémie actuelle et le confinement auquel nous sommes confrontés ; le vivre à Sempesserre est certainement plus agréable qu’à Toulouse, ici, pas de maréchaussée, pas de contrôle de sauf-conduit par contre tel en Ariège, l’école a fermé, les commerces ont disparu. 

Savez-vous que Beaumarchais a baptisé Fleurance en l’honneur de la prestigieuse Florence en Toscane ? Plongez-vous dans les aventures de Ciappelletto, de Jeannot de Chevigné, de la marquise de Montferrat,  d’Aldobrandino et de bien d’autres. Vous ne vous ennuierez pas.

«  La huitième journée du Décaméron finie, commence la neuvième dans laquelle, sous le commandement d’Émilia, chacun devise comme il lui plaît et de ce qui lui agrée le mieux. La lumière, dont la splendeur met en fuite les ombres de la nuit, avait déjà changé la teinte azurée du huitième ciel en une couleur bleue foncée, et les fleurettes commençaient à relever la tête par les prés, quand Émilia s’étant levée, fit appeler ses compagnes ainsi que les jeunes gens. Quand ils furent tous venus, suivant à pas lents leur reine, ils allèrent jusqu’à un bosquet peu éloigné du palais, et y étant entrés, ils virent les animaux tels que chevreuils, cerfs et autres, quasi rassurés des chasseurs depuis que la peste régnait, qui les attendaient comme s’ils n’eussent plus eu aucune crainte ou s’ils étaient devenus familiers. S’approchant tantôt de celui-ci, tantôt de celui-là, comme s’ils allaient les attraper, ils se divertirent quelque temps à les faire sauter et courir. Mais le soleil étant déjà élevé, il leur parut temps de s’en retourner. Ils étaient tous couronnés de feuilles de chêne, et les mains pleines d’herbes odoriférantes et de fleurs, et qui les eût rencontrés, n’aurait pu dire autre chose, sinon : ou bien ceux-ci ne seront pas vaincus par la mort, ou bien elle les frappera en pleine joie. »

En cent cinquante ans, entre 1222 et 1373, plus de trois cents bastides se développent en Aquitaine et Languedoc. Certaines ont reçues le nom de grandes cités espagnoles – Barcelone, Cordes (Cordoue), Grenade, Pampelone, italiennes – Fleurance et Pavie en Lombardie, Plaisance en Emilie-Romagne ou même des bords du Rhin – Cologne. La ville de Fleurance a été fondée en 1272 par Géraud de Cazaubon et Eustache de Beaumarchais. Une bastide en forme de pentagone, une place centrale et des rues droites se coupant à angles droits. Beaumarchais décide que la nouvelle bastide se nommera Florencia et le parrainage symbolique se retrouve également dans la devise de la ville «Florencia floruit, floret semperque florebit», «Fleurance a fleuri, fleurit et fleurira toujours».

Vous avez certainement visité l’église Saint Laurent, imposant bâtiment de style gothique méridional aux proportions dignes d’une cathédrale, 70 m de long pour 35 m de large.

Et la Halle-Hôtel de Ville ; en août 1833, un incendie détruit la vieille halle, on décide pour optimiser l’espace la construction d’une halle en rez-de-chaussée et des bâtiments à l’étage, soutenus par des piliers carrés ; sur la façade est, trône un balcon au-dessus des trois arcades centrales, et un fronton rectangulaire à deux baies encadre une horloge et un campanile. Aux quatre angles, des fontaines ornées de statues représentent les quatre saisons.

En arrivant à Montestruc, vous avez découvert un village endormi, avec ses vieilles maisons à colombage, l’église Saint-Caprais du 14ème siècle et le château de Barratnau. 

J’ai lu, je ne sais où, que ce château avait été la demeure de Barbe Bleue. En effet Perrault chargé par Colbert de la politique artistique et littéraire de Louis XIV serait venu à l’invitation de la Marquise de Gensac. La veuve l’aurait si bien reçu qu’il aurait trouvé là l’inspiration pour son conte. Pourtant la marquise se prénommait Louise-Hortense et non Anne. « Soeur Louise-Hortense… » 

Croyez-moi, c’est le bon moment pour découvrir ou re-découvrir le Décaméron ; imaginez une honnête compagnie de sept dames et de trois jeunes hommes  fuyant en 1348 la grande peste qui ravage Florence et se retrouve confinée à la campagne ; en ville règnent la mort, le désordre, une forme de décomposition. Nos jeunes gens se racontent « cent nouvelles, ou fables, ou paraboles, ou histoires, comme il vous plaira de les appeler ».

Et aujourd’hui la pandémie et le Coronavirus ! C’est aussi le temps du risque sanitaire, des barrières, de la distanciation sociale, des rues désertes, de l’économie à genoux, de la suspicion, de la peur, de l’encombrement des hôpitaux, de la surcharge des services d’urgence, de la pénurie de matériel – masques, surblouses, tests de dépistage, médicaments, appareils de réanimation, lits, personnels, de la mort non sous la forme de cadavres et de rites funéraires mais un décompte glacial de chiffres, de statistiques par âges, pays, régions, lieux, de courbes exponentielles : Ferons nous mieux que nos voisins ? Nos vieux en Ehpad sont-ils condamnés ? Nos dirigeants sont-ils compétents ? Comment le virus est passé de la chauve-souris à l’homme ? Où est passé le docteur Jekill ? Et le docteur Folamour ?

En mars et avril 2020, chaque foyer se terre, laisse allumé ses écrans qui déversent sans discernement embrouillaminis des journalistes, galimatias des politiques, incertitude des savants. Ce flot d’informations me laisse sans voix, je le juge inadapté, anxiogène, mal documenté et si peu didactique. Il reflète notre civilisation, le sensationnel prime l’éducation et la responsabilité.

De mon hameau perdu, je m’interroge sur le nombre d’anecdotes que vous allez récolté pendant ce confinement. Comment en sortirons-nous ? 

Boccace termine ainsi: « Et vous, plaisantes dames, demeurez en paix avec sa grâce, vous souvenant de moi, si par hasard il sert à quelqu’une de vous d’avoir lu ces nouvelles. »

Junie de Sempesserre


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Qui a participé ? Qui se souvient ? Qui raconte sans avoir participé ?

Poster vos textes afin que le jury puisse vous départager


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