Émerveillés par le temps splendide qui règne sur ce beau village de Bruniquel, 20 Floripèdes (14 perdrix et 6 vieux fusils), sous les ordres de Bernard, entament la rando du jour intitulée « le circuit des sept perdrix » en traversant un petit jardin bucolique. De cet endroit, nous pouvons voir le château légendaire de la reine Brunehaut qui domine d’un côté la falaise de l’Aveyron, de l’autre le village étagé à flanc de colline. Ce lieu avait été attribué à la reine en 587 jusqu’à son exécution en 613… ses cheveux attachés à la queue d’un cheval. Drôle de coutume… !
Le castrum est conquis, en 1176, par les comtes de Toulouse. En 1211 le troubadour Guilhem de Tudèla, coauteur de la « Chanson de la croisade » se réfugie chez Baudouin de Toulouse (demi-frère du comte Raymond VI de Toulouse) qui livre Bruniquel aux Croisés et est pendu comme traître en 1214, à Montauban. Après la croisade, le village connut un grand essor au Moyen Âge car il se trouve sur le chemin des pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle. La plupart des ruelles tortueuses ont conservé leurs pavements et c’est au sommet de la principale que l’on trouve les châteaux, quasiment suspendus au-dessus du vide.
Les châteaux de Bruniquel ont été immortalisés au cinéma dans le film de Robert Enrico « Le Vieux Fusil » en 1975, avec à l’affiche, notamment, Philippe Noiret et la divine Romy à la beauté sans pareil…
Nous abordons maintenant une longue descente sur un chemin qui nous conduit sur les berges sablonneuses de l’Aveyron. Après avoir admiré une belle falaise qui domine la rivière, un arrêt s’impose dans une prairie pour nous dévêtir un peu. Sans doute tourneboulé par le déshabillage des très nombreuses dames, le guide a du mal à trouver le balisage. Heureusement Christiane (une adjointe sur qui on peut compter), qui a l’œil sur tout et a surtout une bonne vue, repère la marque jaune salvatrice sur un arbre voisin.
Plus loin, nous apercevons le clocher de Montricoux qui se détache dans un ciel d’un bleu d’une absolue pureté. Nous visitons l’église aux vitraux modernes remarquables, puis nous déambulons dans les rues avec ces maisons à pans de bois et encorbellement. L’ancien château de Montricoux garde quelques traces des Templiers qui le bâtirent. Il appartint un temps à Sully. Il abrite aujourd’hui le musée Marcel-Lenoir, peintre réputé des XIXe et XXe siècles, ancienne figure du Montparnasse où il fréquenta Modigliani et Fernand Léger. Marcel Lenoir vint se retirer sur la fin de sa vie à Montricoux où il mourut en 1931.
Arrivés à un très joli lavoir, Paul appelle « sos Christiane dépannage ». Celle-ci, aussitôt, sort sa caisse à outils et sauve ce grand randonneur d’un éventuel accident… de lunettes. Le raidillon qui suit nous fait attraper une petite suée car insensiblement le mercure monte. Tout en haut, profitant de l’ambiance printanière, de paisibles chevaux gambadent dans un pré recouvert de pâquerettes.
Redoutant de ne pas trouver un endroit aisé pour déjeuner dans les bois, Bernard demande à un indigène de pouvoir envahir avec la troupe son champ qui borde l’Aveyron. C’est donc dans un coin paisible que chacun déguste son casse-croûte ainsi que quelques douceurs gracieusement offertes par de gentes dames, pendant que la vie s’écoule au fil de l’eau.
Une vie qui quelquefois ne tient qu’à un fil… Et ce n’est pas le plongeur des grands fonds des Floripèdes qui va dire le contraire. Des cris retentissent soudain, « au secours, sauvez-moi !». Immédiatement, le maître-nageur Jacques, plus quelques naïades, se précipitent afin de sortir notre homme d’une situation plus que délicate cherchant sans y arriver à regagner la berge. Finalement, tout est bien qui finit bien, le plongeur s’en sort avec une belle frayeur et des chaussettes et vêtements trempés et…boueux. Geneviève décrète aussitôt le gilet de sauvetage, le masque, les palmes et le tuba obligatoires à compter de la prochaine randonnée…!
Après avoir attribué la médaille du courage à Jacques, le redémarrage s’effectue dans un univers fantasmagorique composé d’arbres moussus, le long d’un petit ruisseau aux eaux limpides, irréelles et chantantes. Chacun s’empresse de faire des photos car ensuite le cours d’eau disparaît, afin de mieux réapparaître quelques mètres plus en amont.
Nous voilà maintenant au bord de la falaise qui domine les très belles gorges de l’Aveyron, avec au loin une vue merveilleuse sur le château de Bruniquel, de l’autre côté de la verte vallée. Nous bénéficions d’une longue et belle descente avant d’emprunter un raidillon qui nous conduit à Bruniquel, après un périple de 21 km, un dénivelé de 660 mètres et un sans-faute de Bernard (bravo à lui).
A l’exception du plongeur…, sans doute parti faire sécher ses vêtements, nous gagnons toutes et tous la terrasse ensoleillée d’un café avec une vue splendide sur Bruniquel. Le pot (accompagné de madeleines) nous est gracieusement offert par l’adorable Claude (merci à elle), ce qui nous permet de conclure en beauté une journée absolument magnifique !
Jean-Michel
C’est toujours un plaisir de te lire : tes récits brillants empreints de tonalités joyeuses me ravissent. Merci Jean-Michel. Nicole Ceytte