Lisle-sur-Tarn se caractérise par sa bastide-port construite, sur les bords du Tarn, par Raimond VII, Comte de Toulouse. Elle fut, au Moyen Âge, une cité prospère grâce à la production et à la vente du vin puis du pastel dont l’acheminement était essentiellement assuré par voie d’eau jusqu’à Bordeaux. La ville conserve de nombreuses traces de ce passé prestigieux dont le port, le tracé à damier de ses rues bordées de maisons à colombages et la place à arcades.
Nous sommes finalement 8 Floripèdes (3 dames, 5 messieurs) à mettre nos chaussures de rando, sur le parking de l’église Notre-Dame de la Jonquière, afin d’effectuer le circuit intitulé : la Toscane Tarnaise. Il convient de préciser que cette appellation ne plaît pas du tout à la Toscane, la vraie. Comme l’a souligné La Repubblica (l’un des journaux les plus vendus en Italie): utiliser « le nom de la région de Dante, de la Renaissance et du Chianti » provoque une véritable colère en Italie.
Ceci étant, Dante disait : « suivez votre chemin et laissez les gens parler ». C’est sans doute avec cette citation en tête que Geneviève, notre guide du jour, donne le signal du départ à 8h sonnantes, en espérant ne connaître ni le purgatoire et encore moins l’enfer sur les sentiers, mais seulement le paradis, sur un itinéraire sans divine comédie.
Le centre du bourg est charmant, et la place centrale recueille tous les suffrages. De plus, les bars étant pour une fois nombreux … chacun imagine déjà un final de rando, assis en terrasse pour déguster la boisson de son choix. Nous prenons ensuite la direction d’un petit lac dont les berges sont ornées de très jolis iris jaunes. Alors que nous empruntons de beaux chemins enherbés qui serpentent au milieu des vignes, au-dessus de nos têtes le ciel se divise en deux : un front noir… derrière nous, et devant nous, une voûte d’un bleu engageant.
Malgré une relative fraîcheur, on sent bien que le printemps montre le bout de son nez. En effet, nous pouvons, si nous le souhaitons, nous enivrer de l’odeur du lilas, des roses, ou bien encore de l’aubépine. « Aucun penseur n’oserait dire que le parfum de l’aubépine est inutile aux constellations » écrivait Victor Hugo. Plus loin, nous grimpons jusqu’à l’église de Montaigut, vestige du château du même nom, dont le démantèlement fut exigé par le traité de Meaux en 1229 (fin de la croisade des Albigeois). Ici et là, quelques lièvres détalent.
Proche d’une très belle demeure, une ligne de crête attire l’œil car elle aligne une succession de jolis pins et de cyprès, et rappelle effectivement les paysages Toscans. Un sentier qui zigzague sous la frondaison des arbres nous permet d’être à l’abri de quelques fines gouttes de pluie. Nous stoppons notre route devant la petite église de Saint Étienne du Vionan. Après avoir dépassé un champ où s’égayent des taurillons qui semblent jouer avec une multitude d’aigrettes, nous grimpons dans un bois avec le soleil revenu.
Après avoir dépassé le tumulus, lorsque 12 h sonnent à l’église de Saint Salvy de Coutens, la guide propose l’arrêt-repas dans un endroit, protégé du vent, avec une vue dégagée sur les vignobles et la vallée de Lisle sur Tarn. Un nuage noir menaçant apporte un peu de pluie, aussi le dessert est avalé rapidement. Puis, nous retrouvons avec grand plaisir le soleil et les paysages de Toscane, vallonnés, parcourus de vignes et ponctués de cyprès et de figuiers. Plus loin, nous nous interrogeons sur l’âge d’un chêne remarquable. Certains affirment qu’à tous les coups celui-ci était déjà présent lors de la révolution Française…rien que ça ! A vérifier tout de même.
Le final, sur des chemins confortables, se déroule sans encombre et nous atteignons rapidement les faubourgs de Lisle sur Tarn. C’est avec un immense plaisir que nous nous installons sur la place moyenâgeuse, en terrasse, au soleil évidemment, pour nous rafraîchir après avoir parcouru 19 km pour 350 mètres de dénivelé. Adèle est ravie, elle explique à qui veut bien l’entendre que c’est exactement ce qu’il lui fallait comme rando «de reprise». Pour fêter l’évènement, elle nous offre un cake maison, absolument exquis. Geneviève est chaleureusement félicitée, non seulement pour le guidage de cette rando, qu’elle semble connaitre par cœur (aucune hésitation au moindre carrefour), mais surtout, pour son grand mérite d’avoir su analyser des dizaines de cartes météo de la région, afin de déterminer à quel endroit précis il fallait randonner aujourd’hui. Pari gagné ! Et puis, comme dirait Ghislaine (et ses amis Bretons) : « qui trop écoute la météo, passe sa vie au bistrot ».
Jean-Michel
Je ne m’attendais pas en lisant ton compte rendu à avoir le mot de la fin !
Bravo brillant narrateur et bravo Geneviève pour cette belle improvisation !