Serti entre deux pans de montagne, le pittoresque village de Roquefère (connu pour son festival « Jazz sous les châtaigniers » au mois d’août) est dominé par le château (XIIème puis XVIIème siècle), érigé sur son piton rocheux. Ses façades et toitures, ainsi que la salle du premier étage avec sa cheminée sont inscrites aux Monuments Historiques. Il appartenait, avant la croisade contre les Cathares, aux seigneurs de Cabaret, défenseurs de la Montagne noire qui capitulèrent devant les troupes de Simon de Montfort. Les seigneurs de Cabaret toléraient, et même protégeaient la religion cathare. Après leur capitulation, Roquefère passa donc aux mains de la couronne de France.
Sur le parking, en contrebas de ce minuscule hameau dont le nom vient de Roca fera (la roche sauvage) 13 Floripèdes (6 Vénus, 7 chevaliers) apprécient la douceur de la température, au milieu de cette belle nature sauvage que l’automne ne semble pas du tout effrayer, car tout est parfaitement vert. Au cœur de la forêt de chênes…verts, le chemin caillouteux grimpe progressivement le long de la vallée de Coumo Rousal. La grimpette s’effectue en file indienne, ce qui a pour effet de limiter les conversations. Plus haut, quelques grognements, non pas de sangliers, mais de dames (souhaitant sans doute délier urgemment leur langue), nous imposent une pause.
Après avoir dépassé le dolmen de Ventajous, nous arrivons au point culminant où un vent fort révolutionne nos coiffures. Une vue relativement dégagée nous permet de découvrir la vallée de l’Orbiel et les magnifiques châteaux de Lastours enveloppés dans un voile de brume, traversé par un rayon de soleil. Sur un chemin forestier, nous faisons une halte devant une statue de la vierge noire.
Peu après, nous arrivons à la cascade de Cubserviès qui est un véritable chef d’œuvre de la nature. Le plateau du Sambrès domine cette partie de la montagne noire. Il draine plusieurs ruisseaux qui se rejoignent et forment le Rieutort. La rivière s’engage alors dans une faille de la roche pour former la cascade. Celle-ci est constituée de plusieurs ressauts et mesure près de 90 mètres de haut, faisant d’elle la cascade la plus haute du département de l’Aude. Sur les parois poussent, la saxifrage de l’écluse, le capillaire des murailles ou bien encore le nombril de Vénus.
Il est midi lorsque nous atteignons l’église Saint-Sernin, aussi le guide du jour Aubert décrète l’arrêt déjeuner, aux abords de ce beau monument. Les historiens locaux précisent qu’il s’agit d’une « église rurale de type préroman du XIe siècle, c’est-à-dire nef unique, voûtée en plein-cintre sur doubleaux, prolongé par un chœur en hémicycle, voûtée en cul de four, légèrement plus étroit. Elle fait la transition entre les églises préromanes du IXe siècle dont elle garde les traits principaux et les églises du premier art roman dont elle annonce les caractéristiques ».
Le redémarrage s’effectue avec le soleil, sous un grand ciel bleu, au milieu des châtaigniers. Le chemin est agréable et parsemé de bogues, ce qui permet à quelques-uns d’entre nous de programmer une belle poêlée de châtaignes pour le dessert du soir. Peu après, nous croisons un chercheur de champignons aux couleurs du stade Toulousain, muni d’un panier de compétition, qui affirme qu’il y a une belle poussée de cèpes et autres trompettes de la mort. Nous sommes assez dubitatifs, car depuis ce matin nous n’avons vu que des faux…
Nous sommes sous le charme du village de Labastide-Esparbaïrenque, qui permet à chacun d’entre nous de participer au concours de la meilleure prononciation… Moins charmeur est un paroissien qui défend toute cueillette de châtaignes tombées sur le chemin proche de chez lui (qui n’est pas privé), le verbe haut, en compagnie de son épouse. Malgré quelques propos contre les randonneurs qui seraient des voleurs…, la troupe garde son calme. C’est bien connu le Floripède est plutôt du genre pacifique et ne cherche pas à tout prix…la castagne ! Aussitôt, et c’est très bien ainsi, nous changeons de vallée et…d’atmosphère.
Dans la descente, nous bénéficions d’un joli point de vue sur le château de Fabrègues. Arrivés au village, certains parcourent les jolies ruelles fleuries pendant que d’autres font des achats de crème de marron, de miel…, en libre-service, ce qui prend un peu de temps car il appartient à chaque client de faire la comptabilité sur un cahier dédié.
Nous arrivons aux voitures après avoir parcouru 16 km pour 630 mètres de dénivelé. Tout le monde se déclare ravi d’avoir effectué cette belle randonnée dans le Cabardés avec un temps agréable. Le guide est félicité pour l’organisation et sa maitrise de la carte car, en ses temps troublés, lui au moins ne s’est pas …Trumpé !
Jean-Michel
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