Niché au creux de la montagne, à 900 m d‘altitude, le village de Croquié jouit d’une très belle vue sur la chaîne des Pyrénées. Pendant la seconde guerre mondiale se forma, ici-même, un noyau de résistants qui sont à l’origine de la 3101ème Compagnie FTPF (Francs-Tireurs et Partisans Français) de l’Ariège dont Paul Balasc, de Croquié, fut l’un des membres.
Sur le parking des Brougues, bien au-dessus du hameau de Croquié, nous sommes 11 Floripèdes (4 chenapans, 7 gentes dames) pleins de fougue. Selon la mémoire populaire, il s’agit d’un lieu consacré à certains cultes entachés de satanisme. La légende raconte que les sorcières se réunissaient ici pour leur sabbat.
Nous ça va, nous sommes bien décidés à croquer à pleines dents dans cette rando proposée par Solange. Les offices de tourisme du coin indiquent même que lors de l’ascension du Fourcat, il est possible d’admirer le vol de certains rapaces, d’apercevoir une harde d’isards, un troupeau de mouflons, le grand tétras ou encore le lagopède perdrix.
Tout émoustillés par de telles perspectives, nous grimpons un sentier très agréable qui zigzague dans une forêt de bouleaux et de pins. Très vite, la guide du jour montre l’exemple et cueille un joli cèpe bien ferme. Plus haut, nous évoluons sur une large croupe herbeuse avec fougères et bruyères à profusion. Mais très vite, nous sommes à découvert… dans la brume, la bruine et le vent. Bref, il fait un temps de sorcières sur cette lande.
La météo n’est vraiment pas avec nous. Un brouillard à couper au couteau envahit la montagne. Aussi, lorsque nous arrivons au bout de cette première ascension hivernale…à 2001m d’altitude, nous sommes fiers d’avoir vaincus ce sommet emblématique de l’Ariège, mais comme on y voit «nada », nous tournons immédiatement les talons. Pourtant, nous savons que le Mont Fourcat offre « habituellement » un vaste panorama : au nord, une vue immense sur la plaine, au sud et à l’ouest une vue sur l’ensemble de chaîne, à l’est, le Saint-Barthélémy (2348m).
Au vu des conditions dantesques, la descente s’effectue en mode « groupir » et à une allure qui s’apparente davantage à du trail qu’à de la randonnée. Joël (blouson rouge) donne le rythme, et les autres… essaient de suivre tant bien que mal. Avant d’atteindre la forêt, quelques images fantasmagoriques se présentent à nous. En effet, alors que la couverture nuageuse est très épaisse, quelques villages et forêts dans la vallée sont éclairés par un rayon de soleil venu de nulle part. L’effet est saisissant.
Nous reprenons nos esprits une fois arrivés dans le bois aux couleurs automnales. La température est agréable, le brouillard se dissipe, il y a des coins de ciel bleu. Bizarrement, les sourires reviennent sur les visages et les conversations redémarrent. Il est décidé, à l’unanimité, de rejoindre les voitures, car nous savons que des tables accueillantes nous attendent pour le casse-croute.
Finalement, c’est avec un beau soleil, du ciel tout bleu, une température et une ambiance agréable que le déjeuner se déroule. C’est à se demander si les sorcières ne nous ont pas joué un vilain tour, tout en haut du Fourcat, afin de nous récupérer plus vite auprès d’elles sur leur lieu de sabbat… Comme nous ne sommes pas pressés, nous allons jeter un œil au monument aux morts voisin, dédié au maquis de Croquié. Celui-ci rappelle qu’à cet endroit est né en 1943 un des premiers maquis de l’Ariège. Il part, en mai 1944, rejoindre le groupe de Vira (du nom du village Ariègeois) situé alors à proximité de l’état-major des guérilleros espagnols. Les noms gravés sur la plaque de granite (du Sidobre) sont ceux des maquisards morts à Toulouse ou au cours des combats de Vira et Bélesta ou bien en déportation. Le monument aux morts, tourné vers l’Espagne, est l’œuvre du sculpteur d’origine Bolivienne Ted Carrasco.
A Croquié, nous faisons le bilan de la matinée brumeuse, et de la rando (10 km, 800 m de dénivelé). Nous n’avons pas vu le moindre oiseau, isard ou mouflon, le paysage en haut du Mont Fourcat était « plutôt flou ». C’est le moins que l’on puisse dire. Aussi, avons-nous le sentiment d’avoir été un peu… escroquiés, à la fois par les offices de tourisme et surtout par météo France, à qui nous pensons demander des dédommagements. « L’escroquerie emporte avec elle l’idée d’une certaine finesse, d’un esprit subtil, d’un caractère adroit », écrivait Honoré de Balzac.
Mais le Floripède sait rebondir, et ça ce n’est pas une légende. Aussi, après le repas aussi animé qu’ensoleillé, nous décidons d’aller nous rafraichir, sous la halle, dans la bonne ville de Foix. Et là, c’est la surprise du chef. Si, plus tard, nous ne nous rappellerons pas forcément de cette rando de par la qualité des paysages aperçus en haut du Mont Fourcat…, nous saurons que ce jour-là, l’adorable et toujours jeune Solange nous a offert un pot, accompagné de gâteaux (merci à elle), pour un évènement qu’il appartient à chacun de deviner. Dans une BD de Geluck, celui-ci fait dire à son fameux chat : « Vieillir c’est embêtant, mais c’est la seule façon de vivre longtemps ». Joyeux anniversaire Solange ! Et c’est ainsi que se termine la journée, entre remerciements pour l’organisation impeccable de la rando, et les embrassades pour le…ème anniversaire !
Jean-Michel
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