Le Château de Miglos dresse ses imposantes ruines sur un éperon calcaire, dans la vallée de Vicdessos, entre Niaux et Capoulet. Les vestiges actuels sont du XIV° siècle, mais une forteresse existait déjà sur le site au XII° siècle. Au milieu du XIII° siècle, le seigneur du lieu, Arnaud de Miglos, s’est signalé comme partisan de la cause cathare, en faisant parvenir des armes aux défenseurs de Montségur assiégé. A la fin du Moyen Age, la terre de Miglos, érigée en baronnie, donnait droit d’entrée aux Etats de Foix. En 1789, le château est incendié. En 2017, des travaux ont permis de sauver les ruines du château.
Arrivés sur le parking du hameau de Norrat, à quelques lieues du château, nous sommes 9 (5 grognards, 4 damoiselles). Il convient de noter que pas très loin de là, un deuxième groupe de 9 Floripèdes, avec Geneviève à sa tête, effectue lui aussi une randonnée (un dénivelé moindre étant proposé). Le ciel est très nuageux, pourtant un rayon de soleil est bien présent lorsque nous mettons nos chaussures.
Malgré une petite bruine insignifiante, nous apprécions un large chemin bordé de fougères qui commencent à prendre de belles couleurs automnales. En fond de vallée, c’est un véritable défilé de nuages blancs. Le philosophe Bernard nous propose deux dictons (peut-être de son invention ?) «Quand les nuages sont dans la vallée, le pêcheur remplit son panier « et « Quand les nuages sont sur les monts, le pêcheur rentre à la maison ». On pourrait en proposer un troisième, « Quand le Floripède a de l’ambition, il ramasse des champignons ». Un premier cèpe tombe dans la musette.
A la sortie d’une hêtraie le vent nettoie le ciel, qui du coup devient bleu. Plus loin, la guide du jour Ghislaine, très sagement, réunit un conseil de guerre face à l’absence totale de balisage. Les grognards ne manquent pas de grogner leur accord…ou leur désaccord. Finalement, le choix est fait de grimper tout droit sur la crête. Cette option se révélera être la bonne.
Nous progressons sur le gispet glissant au milieu de coulemelles géantes, de Mèrens et autres chevaux en liberté, mais aussi de colchiques «couleur de cerne et de lilas ». Arrivés au rocher de Miglos, seul un jeune cabri grimpe tout en haut, ses compagnes et compagnons sont trop pressés de s’installer, afin de casser la croûte. Il est vrai qu’il est presque midi et que nous avons l’estomac au fond des talons. Normalement…, à cet endroit même, le paysage est somptueux sur la Haute Ariège, en particulier la montagne de Tabe, le massif de la Pique Rouge de Bassiès et une partie de celui du Montcalm, sauf que des nuages indisciplinés nous confisquent la vue à 360 degrés.
Lors du redémarrage, Ghislaine nous demande de rester groupés, car la trace pour la suite de la boucle n’est guère évidente. L’avertissement est loin d’être inutile, car nous plongeons tout de suite dans la forêt…sans la présence du moindre sentier. Personne n’a pensé à prendre sa machette, pour cette séquence aventure, dommage ! Pourtant les grognards affirment, appareil à la main, que la trace est bonne. Alors que bois s’éclaircit un peu, les premiers cris de joie commencent à retentir. Notre ambition est récompensée : nous tombons sur un coin à champignons. Dès lors, Il n’est plus question de file indienne, tout le monde s’occupe à faire sa cueillette. Les hésitants font valider les cèpes trouvés par Bernard, expert ès bolet, qui prétend en avoir trouvé 50 kg récemment (pour les invitations à diner chez lui, il est préférable de s’adresser directement à Christiane…). Les poches se remplissent et les rêves d’omelette commencent sérieusement à prendre forme.
Plus bas, nous descendons sur un sentier bordé de blocs de rochers et de très grosses pierres. Un travail des anciens qui leur a certainement rapporté une misère et coûté un dos en compote sur le moment, puis plus tard des rhumatismes. Le soleil est un peu voilé, aussi ne parvient-il pas à illuminer les premières taches sang, rouille et or des feuillages.
Arrivés au hameau de Norrat, nous avons droit à une petite surprise. En effet, si les voitures sont là, il nous manque trois grognards particulièrement chevronnés… qui arrivent quelques secondes plus tard, en prétextant qu’il y avait «une curiosité à voir». Curieuse explication qui ne trompe personne!
A Tarascon, autour de la table du bistrot habituel, nous n’en apprendrons pas d’avantage. Nous dégustons, les délicieux raisins apportés par Martine, les gâteaux de Ghislaine et d’Odile. La guide est félicitée (elle le mérite), car grâce à elle nous avons effectué une belle rando de 16,5km (17 km pour certains…), pour 820 mètres de dénivelé. Le panorama du parcours aérien nous a offert de superbes vues sur les crêtes de la Lesse, les falaises du Quié de Sinsat et le massif de Tabe. Enfin, elle a comblé nos papilles. Grâce à elle, nous allons pouvoir apprécier, en prime, de belles poêlées de cèpes. Les champignons constituent une richesse légère. La richesse de l’instant.
Jean-Michel
il nous manque trois grognards particulièrement chevronnés… qu’il disait le jeunot !
Merci Jean Michel tu n’as rien perdu de ta verve narratrice ! Merci aussi les grognards pour votre implication car sans vous nous aurions raté ce coin de forêt et l’omelette aux cèpes inscrite au menu du soir !