Sur le parking du Pla de las Peyres (rempli de voitures…), les 8 Floripèdes (parité parfaite) sont accueillis, sous un grand ciel bleu, par un petit vent chaud… Le panorama magnifique qui s’ouvre devant nos yeux est largement mérité, car la longue route, pourtant bordée d’une multitude de genêts d’or, est toujours aussi interminable (18 km) entre Aston et le point de départ de la rando à Fontargente.
Le port de Fontargente, encadré par deux grands sommets, le pic de la Coume d’Enfer 2 730 mètres et le pic Nègre de Joclar 2 627 mètres, domine les étangs de Fontargente, sur le versant français et les Estanys de Juclà sur le versant Andorran. Il donne sur la haute vallée de l’Aston côté français, et sur le vallon du riu del Manegor, affluent du riu de Juglà côté andorran, en haute vallée d’Incles. Le Port de Fontargente porte d’ailleurs le nom de Port d’Incles côté andorran ; par ailleurs, “fontargente” signifie “fontaine argentée”.
Nous grimpons tranquillement sur un joli sentier au milieu d’une nature en fête (fleurs abondantes et de toutes les couleurs) avec le doux murmure du torrent qui nous accompagne. Ensuite, nous bifurquons plein sud, au panneau indiquant à gauche le Refuge du Ruhle, et à droite Fontargente. Plus haut, nous marquons un arrêt afin de nous déshabiller et de nous alimenter, ce qui nous laisse le temps d’observer des pêcheurs qui traquent la truite dans les eaux argentées.
La grimpette qui suit est un peu exigeante, aussi notre petite colonne s’étire alors que le vent forcit. On se dore un peu sur un replat, tout en admirant la crête des isards et les sommets Andorrans. Lorsque nous arrivons à hauteur des premiers névés, bizarrement l’atmosphère se refroidit et de frêles jonquilles nous ouvrent la voie vers un monde plus minéral.
L’arrivée à hauteur du premier étang de Fontargente est absolument somptueuse. La neige sur les hauteurs est bien présente et contraste avec le bleu du lac. Un peu en amont, bien dissimulé derrière les rochers un deuxième étang nous émerveille dans un décor sublimé par des centaines et des centaines de jonquilles. Délaissant ce coin splendide, nous attaquons la dernière ascension qui nous oblige à sauter de rocher en rocher tout en évitant si possible de nous tremper les pieds.
Après un bel effort nous voilà (tout le groupe de 8, bravo à toutes et tous) au Port de Fortengente (2252 m). Nous avons une très belle vue sur la vallée d’Andorre, et les pistes de ski de Soldeu nous font envie. Aussi, dès le début de la descente, la petite troupe rejoue les bronzés font du ski, sur un long névé. Grisée par ce moment et sans doute pour faire plus vrai…, l’une de nos quatre élégantes se retrouve le derrière dans la neige, sous les rires et les bravos de ses ami(e)s.
Peu après, afin de nous remettre de nos émotions du planter du bâton approximatif, nous décidons de nous installer au bord du lac pour un repas bienvenu. Le calme de la montagne est à peine troublé par le clapotis de l’eau. Soudain, des nuages blancs et gris surgissent au-dessus des sommets et transforment la couleur de l’eau qui devient noire.
Lors du redémarrage, Ghislaine annonce que nous allons faire une boucle. Aussi nous longeons le troisième étang où un pêcheur sort des ondes un poisson qui ne suffira pas pour nourrir une famille nombreuse. Plus bas, le décor change, il convient d’être attentif sur le sentier qui serpente au milieu des éboulis décorés par endroit de petits sapins.
Lorsque nous changeons de vallée, l’eau gazouille dissimulée sous des massifs entiers de boutons d’or ; puis, le sentier traverse une pente entièrement recouverte de rhododendrons encore en boutons (la floraison est proche). Le final dans la prairie, le long du torrent, est très agréable mais nécessite cependant de regarder où l’on met les pieds compte tenu des nombreuses pierres et d’un sol quelquefois spongieux.
Au Pla de las Peyres, tout le monde se déclare ravi d’avoir effectué une si belle randonnée (11 km pour 600 m de dénivelé). Nous faisons une halte aux Cabanes afin de nous rafraîchir et féliciter la guide du jour Ghislaine, qui a été parfaite. Du soleil, du ciel bleu, une carte parfaitement maitrisée, des sports d’hiver…, un bel effort récompensé par des paysages magnifiques, que demander de plus ! Enfin, ces trois lacs si proches l’un de l’autre, mais à des étages différents, constituent une merveille de la nature à l’état pur. L’espace d’un instant, nous avons eu l’impression que la contemplation suspendait le temps.
Jean-Michel
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