CR de Jean-Michel – Le Moulin de Pichobaco (Ariège) – 16 février 2023 –  menée par Bernard

Un peu de géologie : le Plantaurel traverse le département de l’Ariège sur 70 km. L’anticlinal (pli bombé vers le haut) de Dreuilhe est un des plus remarquables de ce massif. Sa partie sommitale a été évidée par l’érosion, laissant culminer ses flancs calcaires et faisant apparaître en son cœur les argiles et les grès sous-jacents. Les rivières y ont percé des cluses, formant ainsi des vallées nord/sud. Le Pech de Foix, que l’on retrouve entre autres, du côté de Leychert, Roquefixade et Péreille, présente, lui, une structure plissée en éventail. A ce titre, Péreille est un haut lieu de l’histoire de la géologie Pyrénéenne.
Lorsque les 12 Floripèdes (7 chouettes, 5 vautours) quittent les voitures à Pichobaco, il ne fait pas très chaud. En effet, la température est en dessous de zéro. Mais le guide, afin de nous faire oublier cette météo hivernale, fait semblant de chercher son chemin et nous offre, au lieu-dit Silence, une pente bien raide dans la forêt de Mondini. Pari gagné, quand nous rejoignons le GR du Pays d’Olmes, les organismes sont tellement réchauffés qu’un déshabillage intensif intervient, tout en admirant au loin le Saint Barthélémy et le Soularac enneigés ; puis, plus loin, le Pog de Montségur qui se détache dans le ciel bleu.
A Coulzonne, on abandonne le sentier Cathare, ce qui nous donne l’occasion d’évoluer au milieu de plaques de neige disséminées, dans un somptueux décor. Sur le versant nord d’un bois, nous testons même nos capacités d’équilibre car nous montons sur un chemin fait de neige et de glace. Tout en haut, le panorama sur les Pyrénées est un vrai bonheur. Alors que nous n’avons croisé personne jusqu’à présent, nous échangeons maintenant avec des « collègues » randonneurs qui admirent tout autant que nous cette vue époustouflante, avec au premier plan les ruines du château, puis la vallée inondée de soleil et à l’arrière-plan, la chaîne des Pyrénées enneigée. Un violoncelliste, y cherche même une inspiration musicale…
Le guide fait l’unanimité lorsqu’il décide de s’arrêter, bien qu’il ne soit pas encore midi. Nous nous  installons confortablement  pour un déjeuner « avec vue » (difficile de rêver mieux) et une sieste réparatrice très appréciée, tous branchés sur la station de radio France Culture Bernard  (sans coupures publicitaires) !
Roquefixade signifie la « roche fissurée » et évoque l’énorme entaille naturelle comblée par la construction d’une arche de pierres du château. Celui-ci, qui date de l’an mille, a servi de refuge et de lieu de résistance pour les Albigeois au XIIIème siècle. En 1212, Simon de Montfort prit le château qui relevait alors des comtes de Toulouse, après avoir incendié le village. Plus tard, la destruction  du château fut ordonnée par Louis XIII, en 1632.
Grisé par les beaux chemins empruntés le matin, le guide, avec l’approbation de tous, préfère, peu après le redémarrage, une séquence émotion dans la forêt. Les arbres sont couverts de mousse, l’univers est fantasmagorique, les traces des sangliers sont omniprésentes, les ronces griffent nos vêtements… Bref, ce n’est pas du gâteau pour décrocher le Bac d’en Haut. Au bac d’en Bas, nous filons tout droit vers les gorges de Péreille creusées par le Douctouyre, dans la roche calcaire. Ce très beau ruisseau semble beaucoup inspirer les pécheurs de notre équipe.  Après avoir aperçu la mine de bauxite de Coume-Escure qui fournissait 1000 tonnes par an de minerai dans les années 1950-1960, nous évoluons sur un tapis blanc formé par des centaines de perce-neiges.
Le sentier d’interprétation sur la biodiversité nous ramène à notre point de départ. On y apprend qu’il y a, dans cet espace remarquable, de nombreuses espèces d’oiseaux, parmi lesquelles le vautour percnoptère, le faucon pèlerin, le grand-duc d’Europe, ainsi que plusieurs races de chauve-souris, mais aussi de belles plantes telles que la germandrée des Pyrénées ou la globulaire naine. A l’arrivée, les félicitations pleuvent sur le guide Bernard pour nous avoir offert cette merveilleuse journée de randonnée, sur une distance de 19 km (pour 670 m de dénivelé). Pour une fois, il ne nous a pas truandé sur le dénivelé… !
Jean-Michel

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