ANETO 3404 m le 22.06.2018
Randonnée à l’initiative de Joël
JOUR J -1 : 21 juin
Partis de Toulouse à 8h45, c ’est à midi pile que Solange, Joël et moi retrouvons Pierre à la terrasse de l’hôtel où il a passé la nuit après une route un peu compliquée depuis Royan.
Autour d’un pot nous décidons de l’endroit où poser les voitures pour démarrer l’expédition puisqu’il s’avère que le parking de la Besurta (1890 m) où nous pensions stationner n’est pas accessible la route étant inondée. Pierre parti en repérage le matin nous a trouvé un endroit à 2- 3 kms en amont mais le détour par le Trou du Toro s’avère compromis.
Après une pause pique nique et notre barda chargé dans le sac à dos nous partons pour le refuge de la Rencluse à 2140 m que nous atteignons en 1 h30: pas de difficultés particulières sur ce sentier, cependant quelques craintes pour Solange qui se tord le pied ; heureusement Pierre est là pour la soigner et après un bain de pied dans le ruisseau et un bon strapping la voilà de nouveau opérationnelle ! « Cheval, vache ou femme… pas de problème pour le véto qui a la solution ! Solange n’est pas passée loin d’une opération à vif… »(+ de jg)
Au refuge Pierre renvoie Solange à un nouveau bain de pied de 10 mn dans l’eau glaciale du torrent à proximité (bon courage) et nous retrouvons Julien Laporte, le guide contacté par Joël qui nous fournit crampons, baudriers et piolets et nous donne l’emploi du temps du lendemain.
Nous utilisons le temps qui reste avant le repas pour aller faire un tour jusqu’au col de la Rencluse à 2281m en espérant apercevoir le Trou du Toro : pas de chance, il nous faudrait pousser plus loin …
Après dîner nous prenons l’air, nous ne sommes pas les seuls bien sûr : il y a les Espagnols qui se préparent pour l’Aneto et les Polonais qui ne préparent rien mais qui l’arrosent bien ; un petit coup de fumette par là-dessus et les voilà qui poussent la chansonnette : cette ambiance festive et au demeurant plutôt sympathique, nous rend quand même un peu inquiets, notre chambre se situant entre les sanitaires et leurs chambres , le tout en enfilade …inquiétude confirmée par le défilé des joyeux drilles une bonne partie de la soirée sous le regard médusé d’un Joël effondré sur une pile de matelas posés là en attente d’occupants …dommage nous n’avons pas la photo ! Passons sur le retour en masse de la fine équipe quelques heures plus tard, répondant au même besoin physiologique résultant d’une grande absorption de liquide…
JOUR J : 22 juin
C’est donc après une bonne nuit d’insomnie que le réveil de Solange nous réveille- enfin nous sort du lit- à 4 h 45 .
Petit déjeuner pris et sacs prêts nous partons à 5 h 45, à nous l’aventure !
Après une bonne heure passée sur un sentier où il faut parfois enjamber de gros rochers nous abordons les premiers névés. Nous attendrons encore un peu avant de chausser les crampons à environ 2700 m. Là Julien nous évoque la triste histoire de Pierre Barrau :
Ce Luchonnais fut un des premiers guides à risquer les glaciers qui entourent le massif de l’Aneto ; sa mort subite dans le secteur repoussa la conquête du sommet de vingt ans. Barrau mourut en 1824. Il était en train de mener deux clients pour faire la Maladeta quand il tomba dans la rimaye en haut du glacier. Pendant dix minutes il cria : « Je suis perdu, je m’enfonce » avant de disparaître. Très respecté pour ses connaissances en montagne, sa mort choqua dans le coin. Pendant des décennies les habitants indiquaient la montagne du doit, disant : « Il est là, le pauvre Barrau. » .Son corps fut restitué par le glacier 107 ans plus tard…
Dynamisés par cette anectode réconfortante, nous réattaquons la pente qui se raidit encore avant d’atteindre le Portillon Supérieur à 2908 m, brèche à travers laquelle nous découvrons le début du glacier ; le nuage qui nous entoure ne nous permet pas encore de voir l’Aneto au loin.
Nous faisons une petite pause bien méritée après plus de trois heures de grimpette, puis Julien nous encorde pour descendre la petite cheminée qui nous mène au glacier, non qu’elle soit difficile mais pour nous éviter de déchausser les crampons. Arrivés en bas, changement de matériel : nous troquons les bâtons pour les piolets en raison d’un passage un peu en dévers. Ce n’est pas très long et rapidement nous reprenons les bâtons avant d’attaquer une belle montée : les nuages commencent à se dissiper et le sommet nous apparaît, superbe mais la pente pour l’atteindre est raide ! La neige molle ralentit la marche et la fatigue commence à se faire sentir, nous en avons encore pour plus de deux heures, voire trois …
Sachant que personne ne peut prendre la responsabilité d’arrêter puisque c’est la fin de l’expédition pour tout le monde nous maintenons la cadence : pour ma part je m’accroche mais c’est dur.
Nous passons au niveau du Pic de la Maladetta ( 3312 m) et des 3000 du massif de toute beauté; nous sommes freinés dans notre progression par une coulée de neige que nous laissons filer, ce n’est pas trop rassurant, et arrivons au niveau du Col de Coronas où nous faisons une pause. Nous sommes au pied de l’Aneto mais la montée est très raide. Les muscles de la prothèse de Joël commencent à ne plus répondre ( le psoa ?) mais il faut s’accrocher à 5 nous partîmes à 5 nous devons arriver au sommet !
Finalement à 12 h 10, après 5h 30 de marche nous gagnons le sommet, enfin presque puisque nous sommes devant le « Pas de Mahomet » tant redouté : c’est une courte arête de 30 m de long, constituée de gros blocs stables, pas très large et ouverte sur un vide (200 m ?) de chaque côté.
C’est Albert de Franqueville qui en 1842 a participé à la conquête de l’Aneto qui baptisera le passage « pont de Mahomet » en référence à une tradition orale musulmane qui raconte que l’entrée au paradis est étroite comme le fil d’une lame de cimeterre sur laquelle ne peuvent passer que les justes…
Arrivés là, nouveau dilemme : on y va, on n’y va pas ? Bon soyons fous jusqu’au bout, on le tente. Les femmes d’abord…une fois assurées nous partons, Solange et moi ; les rochers avec les crampons aux pieds ce n’est pas terrible mais nous sommes dans l’action et finalement assez vite au sommet ! Nous assistons au passage des garçons et c’est le temps des retrouvailles là-haut : joie, photos… ! Julien nous laisse savourer le moment et nous redescendons deux par deux ; nouvelles reptations et nous voilà en sécurité sur l’antécime où nous déjeunons au soleil et profitons pleinement du magnifique paysage que nous dominons. Dommage, les nuages accrochent les sommets français mais quand même que c’est beau !
Pour le retour Julien a choisi une voie différente et c’est une directissime dans la neige qui nous attend : nous en avons jusqu’aux genoux mais là c’est du plaisir même si cela nous vaut pas mal de glissades… pas grave c’est de la poudreuse, c’est juste mouillé !
Après 8 heures de crampons aux pieds, nous sommes contents de les enlever, sauf que maintenant il nous faut les porter. Nous jetons un dernier coup d’œil sur l’Aneto, si haut, si beau, si loin et nous retrouvons l es ruisseaux, les rochers, la végétation qui participent à la magie de la montagne.
Après un dernier « rampaillou » dont personnellement je me serais bien passée (100 m de dénivelé de plus) nous retrouvons la Rencluse vers 16 h30 après environ 10 h de marche. Ouf !!!
Enfin un banc, même pas le courage de retirer mes chaussures pour entrer dans le refuge, mais il faut penser au retour donc refaire les sacs à dos, version lourde …
La dernière descente, sans problème, nous ramène aux voitures vers 18 h 30. Après un pot nous quittons Pierre à Benasque pour regagner Toulouse à 23 h …quelle journée !
Merci Solange pour avoir pris le temps de faire ces belles photos qui vont nous faire revivre cette journée incroyable car il n’est évident de dégainer l’appareil photos quand on est fatigué : c’est dire que tu avais vraiment la forme !
Joël merci pour la préparation de cette expédition, personnellement je doutais pouvoir le faire, mais nous pouvons dépasser nos limites, la preuve ! Mais Julien le guide était là pour stimuler le groupe et nous amener tous au sommet puis au refuge.
Alors à quand le prochain 3 000 ??
Ghislaine
photos de Solange principalement ,Pierre et Joel: https://lesfloripedes.web4me.fr/photos/#15298349454800
merci pour vos commentaires! Certes nous avons eu chacun une grande satisfaction de vaincre ce sommet et ce magnifique massif de la Maladetta qui nous narguait depuis des années et des années au cours de nos nombreuses randonnées et c’est donc cet envie de faire l’ascension du plus haut sommet des Pyrénées qui certainement nous animait tous malgré les difficultés . Avec une bonne préparation , plusieurs autres floripèdes pouvaient le faire!
j’ai encore des frissons après la lecture du compte rendu de Ghislaine … des belles images avec les photos de Solange … comme si on y était … à part que seulement 4 Floripèdes l’ont fait et respect les zamis vous êtes formidables … et très beaux sur les photos (en page d’accueil sur le blog je verrai bien quand vous êtes tous les 4 tout en haut !!! Des bises à tous les quatre et encore bravo
Que rajouter après avoir lu le superbe compte rendu, visualisé les merveilleuses photos, merci à vous quatre -et votre accompagnateur- de nous avoir fait grimper avec vous, partager vos sensations. Vous êtes nos champions, les champions des Floripèdes. Un grand bravo pour votre performance.
Superbe performance collective physique et mentale.
Superbe compte-rendu captivant à tel point que l’on voudrait qu’il dure encore et encore…
Superbes photos malgré des conditions forcément difficiles…
Superbe organisation avant, pendant (assistance médicale), pour en arriver là!
Encore bravo à tout le groupe.
Quel récit palpitant! Merci Ghislaine. Bravo à nos 4 héros parvenus au Paradis puis redescendus pour nous raconter ce qu’ils ont vu…
Merci à vous quatre ! vous m’avez fait rêver de montagnes !
Très belles photos de Solange. Superbe compte-rendu de Ghislaine, plein d’humour (j’ai même pensé aux Italiens dans le refuge/film culte les bronzés font du ski) Ghislaine tu as des talents de conteuse et tu m’as fait vivre votre ascension avec quelques frissons.
L’idée venant de Joël, on ne peut que le féliciter pour l’organisation puisque vous êtes tous revenus, sans trop de bobos…
Et toi Pierre, je me demande si tu n’es pas tombé dans l’élixir de l’éternelle jeunesse !
Vous êtes de vrais champions!!! Cela doit représenter u e grande satisfaction de realiser cet exploit vraiment pas facile mais dont vous garderez les sensations et les images pour toujours. Encore bravo tous les floripedes sont fiers de vous.
Merci Ghislaine pour ce magnifique compte-rendu et merci Solange pour ces photos qui nous permettent de vivre un peu de votre belle ascension !
Félicitations à tous les 4 pour la réussite de ce projet commun.
Bravo à tous les quatre pour cette belle aventure…trop forts!!!
Ghislaine, lorsqu’on lit ton compte rendu,on frissonne un peu et par moment ,on a le vertige ,encore plus lorsqu’on voit les magnifiques photos de Solange.
Bravo Ghislaine pour et ton compte rendu (on s’y croirait) et pour votre performance.
Un grand bravo aux quatre intrépides, Ghislaine, Solange, Joël et Pierre ! Julien a droit à la reconnaissance des Floripèdes pour vous avoir emmenés sur le toit des Pyrénées et pour vous avoir ramenés dans la vallée.