Du travail effectué par les historiens sur l’origine de ce territoire, il ressort qu’au XIIIe siècle, le village pittoresque de Gourbit apparaît dans un écrit concernant la remise d’un fief d’un seigneur à un autre. La redevance du suzerain, était chaque année… d’un ours sain et gaillard ! Un chemin étroit et à peine carrossable nous conduit à un minuscule parking, au-dessus de ce hameau. Prudemment, la deuxième voiture reste à l’étage inférieur… Une fois regroupés, les 10 Floripèdes (5 ours, 5 biches) attaquent un joli sentier dallé au milieu de noisetiers puis dans une hêtraie parsemée de rochers moussus. Rapidement, le soleil enjambe les sommets et les premiers rayons percent le feuillage, qui jaunit à peine.
Plus haut, dans un silence à peine troublé par quelques chants d’oiseaux, nous nous sustentons un peu, assis sur des billes de bois. Peu après, un chemin caillouteux nous conduit dans une clairière baignée de soleil et décorée de multiples parterres de colchiques. Après une belle ascension sur une sente qui zigzague dans les fougères, nous arrivons à l’orri du Laouzet, restauré par l’association des amis du Parc Naturel des Pyrénées Ariègeoises. Pour rappel, un orri est une cabane en pierre sèche, ayant servi à la traite des brebis ou des chèvres et à la fabrication du fromage. Il est l’abri où le berger vit pendant les quelques mois de transhumance.
Au détour d’un rocher, nous découvrons le paisible étang d’Artax (1695 m). Selon la légende, un soir, un vieillard s’était approché de la cabane d’un berger sur l’estive. Ce dernier aurait renvoyé le mendiant, reniant ainsi les lois de l’hospitalité en montagne. Aussitôt un orage effroyable se déclencha emportant sous des trombes d’eau le troupeau, son berger et sa cabane. Un pan de la montagne s’effondra même et vint barrer le torrent, ce qui provoqua la naissance d’un lac engloutissant sous ses eaux toute l’estive et ses occupants. Peu après, l’eau de l’étang d’Artax devint noire, peuplée de crapauds et de salamandres…
Nous discutons avec deux pêcheurs sympathiques qui ne cachent pas qu’ils ont fait bonne pêche (juste avant la date de fermeture fixée au 8 octobre) car ils ont dans leur musette leur quota de dix « farios ». De plus l’un d’entre eux a aussi attrapé un omble chevalier (poisson de la famille des salmonidés) qui se nourrit de petits mollusques, de larves d’insectes, de vers et de débris végétaux. La bonne nouvelle, c’est que ce poisson est très exigeant en termes de qualité physico-chimique de l’eau. Aussi peut-on en déduire que l’eau de ce lac d’Artax est excellente… au moins jusqu’à ce que de distinguées Floripèdes viennent y tremper leurs orteils délicats… mais transpirants !
La guide Ghislaine laisse la responsabilité du premier groupe à Geneviève, pendant qu’elle dirige le deuxième groupe, trop heureux de continuer l’ascension. Une sévère montée permet à l’une de nos biches de se tester suite à un arrêt « rando » forcé depuis plus d’un an à cause d’un rocher qui a cédé. Il ne nous faut que quelques instants pour constater que la miss a retrouvé ses jambes de vingt ans…Ensuite, un chemin de crête facile, au milieu des rhododendrons, nous amène au Roc de Querquéou (1840m) où nous nous installons pour le déjeuner, sous la surveillance d’un vautour.
Ces gros rochers, arrivés là on se demande bien comment, constituent un sacré belvédère. Nous avons droit à un joli panorama à 360 degrés, notamment sur des collines arborées alignées parallèlement comme s’il s’agissait de vagues, avec au-dessus un environnement minéral et des sommets célèbres comme la pique d’Estats ou encore le mont Valier. Nous profitons d’un temps absolument idéal pour emmagasiner une douce chaleur. Les Floripèdes sont en mode « lézard » et devisent gaiement. Autour de nous, la beauté est partout et nous avons l’impression que notre contemplation suspend le temps.
Nous quittons, à regret, notre rocher « solarium » en retrouvant le chemin qui descend vers le col de Lastris (1427m). Nous déambulons au-dessus d’un immense versant recouvert de fougères miraculeusement restées vertes après un été de sécheresse. Ensuite, une très, très longue descente dans une hêtraie nous aurait peut-être parue monotone si nous n’avions pas assisté à quelques dérapages contrôlés (ou pas…) sur un sentier un peu traître.
Arrivés aux voitures, après avoir parcouru 12 km pour 970m de dénivelé, nous félicitons Ghislaine pour son sans-faute et Michel BS pour sa discrète assistance lors des changements de cap. Nous retrouvons, quelques minutes après, nos compagnons du premier groupe, le sourire aux lèvres. A Tarascon, un pot et des gâteaux nous sont offerts par Adèle (un grand merci à elle) au bar le Saint Roch. Malgré le bruit de la route…, les conversations vont bon train, satisfaits que nous sommes d’avoir vécu une si belle journée en bord de lac et sur les hauteurs Ariègeoises ensoleillées.
Jean-Michel
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