« Aux audacieux le monde… » aurait déclaré Corbeyran Ier de Foix, seigneur de Rabat (1330 – 1402) et précepteur de Gaston Fébus. Michel BS, avec la complicité de Ghislaine à la logistique, ont eu l’idée audacieuse, pour la rentrée des Floripèdes, de nous convier à participer à une sortie vers Rabat les Trois Seigneurs, avec la perspective d’admirer de beaux panoramas sur les montagnes et les étangs hauts perchés aux alentours.
Une petite fraîcheur très agréable accueille les 9 Floripèdes (7 seigneurs et 2 princesses) sur le parking situé au-dessus du hameau de la Freyte. Il est un peu plus de 8h30 lorsque le guide donne le signal du départ sur un chemin forestier face au Pic des Trois Seigneurs qui se détache dans un ciel très pur. Très rapidement, nous empruntons un joli sentier dans une hêtraie avec le gazouillis du ruisseau qui nous accompagne.
Curieusement, lorsque la pente se raidit, à hauteur des premiers myrtilliers, framboisiers et autres rhododendrons, le silence se fait. Comme par hasard, il n’est plus question de raconter ses souvenirs de vacances. Spontanément, deux groupes se forment. Celui des alpinistes, mené par un Joël très affûté et celui des… plagistes qui sentent bon le sable chaud. Bref, il y a ceux qui se sont gavés de randos vers les sommets tout l’été, et ceux qui ont passé leur temps à déguster des glaces, des crêpes et des beignets (aucun nom ne sera cité).
A l’orée du bois, le charme de la montagne opère et le bruit des sonnailles sur l’estive se joint maintenant au murmure du ruisseau. Nous arrivons à l’étang bleu et il n’y a personne. Luxe, calme et volupté… S’agissant de la couleur qui est plutôt d’un vert sombre, il semble, selon les spécialistes, que cette couleur et ces algues résultent de l’action d’un petit poisson, d’une dizaine de centimètres au plus : le vairon. En effet, si ces algues sont là, cela veut dire que les organismes – zooplanctons ou petits crustacés – qui normalement les mangent sont en train de disparaître. Et s’ils disparaissent, c’est parce qu’ils sont mangés par les vairons…(nul doute que les pêcheurs ne sont certainement pas d’accord avec cette hypothèse).
Après avoir apprécié la beauté du lieu, le guide propose à ceux et celles qui le souhaitent de monter au col de Couillate, à 1961 mètres d’altitude. Il est vrai que la vue là-haut est superbe, à la fois sur le Pic voisin du Peyroutet (2165 mètres), mais surtout sur la chaîne des Pyrénées. Nous avons également la possibilité d’admirer les étangs de Courbière (étang Bleu bien entendu, étang Long, étang des Rives et l’étang du Tirou).
Lorsque tout le monde se regroupe afin d’aller déjeuner à proximité de l’étang long, nous avons droit à une séquence émotion. En effet, un des éléments de notre équipe, vêtu d’un tee-shirt blanc, trouve original de jouer à cache-cache en guise d’apéritif. Ce délinquant primaire finira par être repéré, et rejoindra le groupe alors que certains viennent de terminer leur… deuxième sieste. Qui plus est, notre individu n’a pas déjeuner et il nous faut supporter son long festin avant de repartir. Heureusement, un patou en liberté, avec un collier anti-ours, nous fait patienter avec ces facéties.
Le redémarrage intervient sous la surveillance à la fois du patou, qui a certainement décidé de remettre à sa place le mouton blanc (égaré en fin de matinée) en lui mordant les mollets, en cas de récidive… et aussi du Pic des Trois Seigneurs (2199 m) qui doit son nom à la légende selon laquelle les trois seigneurs des vallées de Massat, Vicdessos et Rabat se rencontraient sur son sommet afin de débattre des droits des différentes vallées qu’ils administraient.
Nous descendons par le cirque d’Embans par un sentier classé dangereux en cas de pluie. Même s’il fait un grand soleil, le guide recommande une grande prudence. En ces instants, nous avons une pensée pour les audacieux porteurs de glace du XIXème siècle. Ces hommes qui ravitaillaient les cafetiers de la vallée et au-delà, de Toulouse. En effet, à l’époque, le fin du fin était la présence d’un glaçon dans son verre d’absinthe, et les amateurs étaient prêts à tout pour s’en procurer, surtout en été. C’est ainsi que les montagnards de la vallée en vinrent à recueillir, de nuit, la neige qui s’accumulait dans le cirque d’Embans. Après plusieurs heures de marche, arrivés sur place, ils découpaient avec une hache un pain de glace que chacun hissait sur ses épaules. Chaque bloc était placé dans un sac de grosse toile et des peaux de moutons isolaient le corps du froid en veillant au bon équilibre du fardeau. Dans la vallée, des charretiers emportaient la glace en la protégeant dans des glacières improvisées faites de paille et de toile, et deux jours et demi après, ils pouvaient ainsi approvisionner les cafetiers Toulousains.
Arrivés à la cabane d’Embanel et son replat herbeux, il fait très lourd aussi plusieurs d’entre nous rêvent de prendre un bain dans la rivière… Comme l’a dit un auteur très célèbre : l’audace réussit à ceux qui savent profiter des occasions ! Plouf ! Des glaçons, nous en avons dans nos verres à Tarascon, car Paul à la grande gentillesse de nous offrir un pot à l’occasion de son anniversaire (merci à lui). Tous les participants, félicitent le duo Michel BS (pour son guidage sans faute) et son assistante Ghislaine (pour l’organisation impeccable), et les incitent …à recommencer jeudi prochain !
Jean-Michel
Merci Jean Michel pour ton compte rendu
En le lisant j’ai refait l’ascension d’hier. Très vivant et tous les détails qui nous enrichissent, des vairons du lac aux porteurs de glace ! Félicitations pour ta belle écriture. Françoise F