Souhaitant sans doute profiter de l’été indien de ce début octobre, 17 Floripèdes (10 sqauws et 7 Sioux) sortent de leur tipi afin de grimper au Roc de la Gourgue dans les belles Pyrénées Ariègeoises. Le temps de se garer et de mettre nos chaussures et voilà la grisaille qui laisse sa place à de beaux coins de ciel bleu. Il est à peine 9h lorsque la douce guide Ghislaine nous lance à l’assaut d’un raidillon, dans une hêtraie sombre et fraîche, en file indienne.
Plus haut, les sapins prennent peu à peu le pas sur les hêtres, et les êtres que nous sommes retrouvent avec plaisir une belle lumière qui perce à travers le feuillage. Un regroupement salutaire nous permet de saluer une petite nouvelle (Christine pour ne pas la nommer, qui ressemble à s’y méprendre à sa chère et tendre sœurette…). Dans cette forêt de Montminier, qui arbore ses premières somptueuses couleurs d’automne, le chemin devient moins raide, aussi nous accélérons le pas et, comme par hasard, les discussions vont également bon train.
Plus loin, nous traversons un paysage de « carte postale ». Les rayons de soleil filtrent dans les branches des sapins au milieu d’un parterre, de myrtilliers, de massifs de fougères, parfois de bruyères, avec en fond sonore le murmure du ruisseau tout proche. Au sortir d’un champ de genêts, parsemé de colchiques qui nous offrent leur floraison rose lilas, le panorama s’ouvre soudain avec en contrebas l’étang de Moulzoune qui émerge au-dessus de la mer de nuages.
Un sentier à flanc de coteau, qui met très légèrement à contribution notre système vestibulaire, nous conduit vers un chemin en mode autoroute, au milieu d’une estive. La montagne à vaches est très facile à gravir et, après avoir salué de très paisibles gasconnes, nous arrivons « en troupeau » au sommet du Roc de la Gourgue. Un parapentiste (chargé d’un sac de 20kgs) nous précède et attend patiemment que là-bas dans la vallée, les nuages se dissipent. Il est midi pile : chapeau la guide qui répond parfaitement aux vœux émis dans la montée par Geneviève de ne pas manger trop tard et si possible dans un lieu accueillant. Nous nous installons donc pour déguster notre repas face au soleil, avec en ligne de mire le Pic de Saint Barthélémy (2348 m) et son voisin, le Pic de Soularac (2368 m).
Dans notre dos, nous pouvons apercevoir, jouant avec quelques petits nuages blancs, le pog de Montségur, lieu d’une histoire terrible et passionnante. Pour rappel, le 16 mars 1244, après un siège de plus de dix mois, au pied de la forteresse de Montségur, plus de 200 hérétiques qui ont refusé de renier la foi cathare montent volontairement sur le bûcher. Leur martyre marque la fin de la croisade contre les Albigeois.
En guise de dessert, nous avons droit à l’arrivée de quatre 4X4 de clubs de parapente qui viennent polluer l’environnement. Aussitôt, Jacques précise qu’il va en référer à Sandrine Rousseau…Toutefois, les parapentistes libèrent rapidement leurs véhicules et, tout comme nous, attaquent leurs victuailles.
Pour le redémarrage, assez rapidement, un merveilleux tapis de feuilles se présente à nous. Nous empruntons donc une superbe allée royale avec une brume évanescente qui entoure le tronc des arbres puis, une deuxième allée toujours aussi royale… que nous décidons, à l’unanimité, de remonter afin de pouvoir l’apprécier encore un peu plus. Pendant ce temps, sa majesté le brouillard nous plonge dans un avenir immédiat rempli d’incertitudes. Aussitôt, deux apaches aux yeux de lynx sont envoyés par Ghislaine en éclaireurs. Leur perspicacité n’étant plus à démontrer, ceux-ci remettent très facilement le reste de la troupe sur la bonne trace, pendant que la brume s’évapore sans pour autant nous rendre le soleil pronostiqué par toutes les météos.
En deux temps trois mouvements nous arrivons au parking situé sous l’étang de Moulzoune. La suite est un jeu d’enfants pour rejoindre les voitures, après 15 km et 640 mètres de dénivelé, à 15h pile (décidément cette guide est trop forte). Une bien belle randonnée ma foi, relativement facile et très agréable, très bien préparée par Ghislaine qui reçoit les félicitations de toutes et tous.
Pour la route, un dicton Indien (des Amériques) est proposé à notre réflexion : « Tout passe, les heures, les nuages dans le ciel, la vie des hommes, emportés de la naissance vers la mort. Ne t’attache pas à la chronologie affective des choses. C’est une très mauvaise manière de voir le monde. Fais de chaque seconde une expérience enrichissante, sans t’inquiéter du temps qui fuit et des matins qui ne reviennent plus. Le présent est la seule chose qui n’ait pas de fin ». Fin.
Jean-Michel
Laisser un commentaire